10
livres, 10 ans
Il est temps de grandir, de
murir et d’explorer les frontières inavouables de la littérature. Ces livres te
changeront la vie (certain(e)s diront enfin !). Voici donc une petite
liste, que dis-je, l’INDISPENSABLE liste des 10 petits chefs d’œuvres ou
presque – selon les points de vue du lecteur – qui t’apprendront la VIE. Parce
que dans une vie, il n’y a pas que Calvin et Hobbes, il faut du sexe, de
l’alcool et encore du SEXE. Range ton doudou, petit, et viens faire un tour
dans ma librairie. Tu y noteras une profonde progression dans cette liste
(exception du premier et dernier titre qui sert à encadrer sans déborder tes
activités littéraires). Alors, prêt ? Un nouveau challenge s’ouvre à tes
yeux, cela aurait pu s’appeler 10 lectures pour dévergonder ManU mais j’ai
élargi le cercle. Ce sont donc les 10 livres à lire dans ta prochaine
décennie :
1. Women,
Charles Bukowski
Parce que dans la vie, il n’y a que les femmes qui comptent, qu’elles soient belles ou grosses – les deux étant également tout à fait possibles – et parce que ton poireau n’est pas encore violacé (à ce qu’il parait).
2. Verre Cassé, Alain Mabanckou
Parce
que dans la vie, il y a LA femme. Robinette, elle s’appelle. La femme parfaite,
Idéale si une telle femme existe vraiment. Et les fesses de grosses noires, on
y rentre avec plaisir…
« …
et donc Robinette a d’abord ôté sa chemise en pagne, il faut dire honnêtement
que ce spectacle était loin de celui d’une Margot qui dégrafait son corsage,
elle a ensuite soulevé son pagne jusqu’à la naissance de ses reins, et on a vu
son derrière de mammifère périssodactyle, ses grosses cuisses potelées de
personnage féminin de peinture naïve haïtienne, on a vu ses mollets de
bouteille de bière Primus, elle ne portait pas de slip, la garce, c’est
peut-être parce qu’il n’existe pas de slip qui puisse domestiquer sa montagne
de fesses, et donc elle a poussé un long rot qui nous a rebutés, et elle a dit
à haute voix « au plaisir de Dieu, la vérité va se voir à la lueur de l’aube,
en avoir ou pas, c’est ce que nous allons vérifier, mes amis », et puis on a vu
son sexe lorsqu’elle a écarté les tours jumelles qui lui servent de fesses,
tout le monde a applaudi, et curieusement, j’ai même bandé à mort comme les
autres témoins, faut être honnête et ne pas cacher la vérité, oui j’ai bandé
parce qu’un derrière de femme c’est toujours un derrière de femme, qu’il soit
petit, gros, plat, potelé, avec des zébrures, avec des pigments qui vous
causent des névralgies, avec des tâches de vin de palme, on bande d’abord et on
décide ensuite si on y va ou si on n’y va pas… »
3. Rhum
Express, Hunter S. Thompson
Parce que dans la vie, il n’y a pas que les femmes. Il y a aussi le RHUM ! Tu es passé du biberon de lait de soja au verre de coca équitable, il serait de bon aloi de poursuivre sur cette progression linéaire de l’alcoolisme. Il n’y a que dans l’alcool que l’on peut sonder l’âme de l’homme. Du rhum, des glaçons, le rêve abouti ! Je te l’accorde, une petite blonde avec une forte poitrine pour te servir ce verre transformera le rêve en fantasme. Mais avant tout du rhum ! Une rondelle de citron ?
« -
Euh, ça te dérange, si je me soûle tout nu ? »
4. Une Femme Nommée Moïse, Tennessee Williams
Parce
que dans la vie, tous les goûts sont dans la nature. Il fut un temps où le
missionnaire te convenait, mais diversifier ses expériences est toujours un
plus pour mettre en caractères gras sur son curriculum vitae. Alors, s’il faut
de temps en temps - pardonne-moi l’expression, mais je me sens le droit, c’est
quand même du Tennessee Williams, grandeur du sud littéraire - t’en mettre une
dans le cul…
« Il
recueillit dans le creux de ses mains mon pipi, puis s’en frotta le visage
comme d’une lotion après-rasage – et, oui, ce fut une note d’intimité que moi,
son ainé de plus de dix ans, non natif de la terre à bestiaux du Texas, je me
suis senti obligé de consigner. »
Et
parce qu’en une phrase Tennessee Williams résume si bien la vie – Ça ressemble à du Bukowski, c’est doré comme du Bukowski… mais
ce n’est pas du Bukowski :
« Qu’est-ce
que la vie, sinon le souvenir de culs et de cons que l’on a pénétrés ? »
5. American
Psycho, Bret Easton Ellis
Parce
que la vie n’est faite que d’élucubrations, que si celles d’Antoine te
paraissent gentillettes, celles de Patrick Bateman te fera devenir un homme. Un
vrai, chargé de violence, de sexe et de hache. Alors prêt à découper ta femme
avec un coupe-papier ? Découvrir la folie d’un homme, celle qui sommeille
en toi depuis quarante ans et qui serait temps d’extérioriser ! Décharge…
« Il
existe une idée de Patrick Bateman, une espèce d'abstraction, mais il n'existe
pas de moi réel, juste une entité, une chose illusoire et, bien que je puisse
dissimuler mon regard glacé, mon regard fixe, bien que vous puissiez me serrer
la main et sentir une chair qui étreint la vôtre, et peut-être même considérer que
nous avons des styles de vie comparables, je ne suis tout simplement pas là.
Signifier quelque chose : Voilà ce qui est difficile pour moi, à quelque niveau
que ce soit. Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être
non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence
profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, ma pitié, l'espoir m'ont
quitté, s'ils ont jamais existé. Je n'ai plus de barrière à sauter. Tout ce qui
me relie à la folie, à l'incontrôlable, au vice, au mal, toutes les violences
commises dans la plus totale indifférence, tout cela est à présent loin
derrière moi. Il me reste une seule, une sombre vérité : personne n'est à
l'abri de rien, et rien n'est racheté. Je suis innocent, pourtant. Chaque type
d'être humain doit bien avoir une certaine valeur. Le mal, est-ce une chose que
l'on est ? Ou bien est-ce une chose que l'on fait ? Ma douleur est constante,
aigüe, je n'ai plus d'espoir en un monde meilleur. En réalité, je veux que ma
douleur rejaillisse sur les autres. Je veux que personne n'y échappe. Mais une
fois ceci avoué - ce que j'ai fait des milliers de fois, presque à chaque crime
-, une fois face à face avec cette vérité, aucune rédemption pour moi. Aucune
connaissance plus profonde de moi-même, aucune compréhension nouvelle à tirer
de cet aveu. Je n'avais aucune raison de vous raconter tout cela. Cette
confession ne veut rien dire. »
6. Moi,
Charlotte Simmons, Tom Wolfe
Parce
que dans la vie, il y a aussi les petites étudiantes, ces pom-pom girls aux
jupettes virevoltantes et à l’esprit aussi peu farouche. Apprends à les
connaître, et tu pourras les ramener dans ton pieu. Et pour cela, le meilleur
moyen est de devenir Charlotte Simmons. Tu seras dans sa peau, tu sentiras son
parfum, tu apprendras un nouveau langage – essentiellement basé sur le mot fuck
- et tu deviendras cool. Alcool et sexe dans les universités américaines. Et
parce que si tu as atteint l’âge canonique de 40 ans, revenir à la philosophie
avec 20 ans de moins, cela ne peut nuire à ton intellect…
« Chaque fois que la porte des toilettes
hommes s'ouvrait, c'était comme si le matraquage des décibels venait se
réverbérer sur toutes les glaces et toutes les faïences, comme si le tintamarre
de Swarm, le groupe en train de se déchaîner dans la salle de concert à
l'étage, doublait d'intensité. Chaque fois qu'un courant d'air la refermait,
cependant, on pouvait de nouveau entendre les étudiants ivres de jeunesse et de
bière faire de l'esprit, ou du moins chahuter devant les pissotières. Deux
d'entre eux étaient présentement occupés à passer leurs mains devant l'œil
électrique qui déclenchait les jets de rinçage, et ils trouvaient ça follement
amusant. »
7. Last Exit to Brooklyn, Hubert Selby Jr
Parce
que dans la vie, il y a le sexe, les gamines, le gang-bang, les viols et les
pédés. Et qu’ils se retrouvent tous à Brooklyn. Avec l’alcool, tu abolis toutes
les frontières du raisonnable, et tu t’enfonceras dans le misérabilisme de
l’âme humaine. Je te vois sourire parce que tu penses que tu es au-dessus de
ça. Que nenni ! Tu ne vaux pas mieux, et si tu n’as pas encore traîné ta
bite dans les parcs désaffectés de Brooklyn, il serait temps de t’offrir à ton
âge ce voyage dont tu ne ressortiras pas indemne.
« …les 10 ou 15 types saouls entraînèrent Tralala
jusqu’à la voiture abandonnée sur le terrain vague de la 57ème rue,
ils lui arrachèrent ses vêtements, la poussèrent à l’intérieur et quelques
types se battirent pour savoir qui serait le premier et finalement il se forma
une sorte de file d’attente chacun criant et riant et quelqu’un cria aux gars
du bout d’aller chercher de la bière et ils partirent et rapportèrent des
boites de bière qu’on passa à la ronde et les gars de chez le Grec s’amenèrent
et quelques-uns des gars du quartier vinrent tout autour pour regarder et
Tralala gueulait et leur fourrait ses seins en pleine figure et des boites de
bière circulaient, on jetait les boites vides et des gars quittaient la bagnole
et retournaient dans la file, buvaient quelques bières et attendaient que leur
tour revienne et d’autres gars arrivèrent de chez Willies et un coup de
téléphone passé à la base amena d’autres soldats et on rapporta de la bière de
chez Willies et Tralala buvait de la bière pendant qu’elle se faisait baiser et
quelqu’un demanda si on comptait les points et un autre cria personne ne sait
compter aussi loin et le dos de Tralala était rayé de crasse et de sueur et ses
chevilles la démangeaient à cause de la sueur et de la saleté sur les égratignures
qu’elle s’était faites sur les marches et de la bière et de la sueur
dégoulinaient des visages sur le sien, mais elle continuait à brailler qu’elle
avait les plus gros nichons du monde et quelqu’un répondit bien sûr ma poule
que c’est vrai et d’autres s’amenèrent, 40, peut-être 50, et ils la baisaient
et retournaient dans la file, buvaient une bière et braillaient et riaient et
quelqu’un cria que la voiture puait le cul, aussi on sortit Tralala et le siège
et elle était étendue nue sur le siège et leurs ombres cachaient ses boutons et
ses cicatrices et elle buvait, faisant sauter ses seins avec sa main libre et
quelqu’un lui fourra la boite de bière dans la bouche et ils se marrèrent tous
et Tralala jura et cracha un petit bout de dent et quelqu’un recommença et ils
rirent et braillèrent et le suivant lui monta dessus et elle eut les lèvres
fendues et le sang lui coula sur le menton et quelqu’un lui épongea le menton
avec un mouchoir imbibé de bière et on lui tendit une autre bière et elle but et
brailla encore au sujet de ses nichons et elle eut une autre dent cassée et la
blessure de ses lèvres s’agrandit et tout le monde rit et elle but encore et
bientôt elle fut complètement KO, ils lui donnèrent quelques gifles et elle
grogna puis tourna la tête mais ils ne purent la réveiller aussi ils
continuèrent à la baiser, elle inconsciente sur le siège de la voiture… »
8. Le
Seigneur des Porcheries, Tristan Egolf
Parce
que pour devenir un homme, un vrai, il faut façonner sa légende : manU est
né dans une cuvette de W.-C. à bord d’un train express filant à travers les
bois au sud-ouest de Baker. Il a atterri à plat ventre sur la voie de chemin de
fer de la Patokah avec une traverse de chemin de fer dans le cul, suivi par un
kilo de placenta répandu sur le ballast sur deux kilomètres de long. Selon
cette histoire, si manU fut contusionné par une telle arrivée dans la vie,
aucun de ses organes vitaux n’avait lâché. Vivant, il était, deux autres trains
étaient passés au-dessus de lui, des vautours avaient gobé tout le placenta le
long de la voie avant de s’attaquer à lui, juste avant qu’un dégénéré local
l’ait recueilli. Voilà comment est né la légende « manU17 ». Bien
entendu, tu connais cette histoire, puisqu’il s’agit de la tienne, mais
savais-tu comment ce gamin avait engendré tant de haine en lui ?
« Une
partie de lui-même voulait dire que, oui, sa réinsertion progressait à
merveille – depuis sa libération il avait appris à trancher la jugulaire
électrocutée sous tous les angles possibles et imaginables, à baragouiner des
chapelets de jurons en espagnol des ghettos, à désinfecter à l’acide borique
son appartement envahi par les cafards, à laver à la main son linge trempé de
sang dans un bac de douche, à préparer des plats pour micro-ondes sur une
cuisinière classique sans roussir la purée, à débiter d’un seul trait une
poignée de vannes de prolo, les subtilités poétiques des tubes country du
moment, que tous les nègres ont le nez épaté parce que Dieu a dû leur poser le
pied sur la figure pour arracher la queue, que le devoir de l’homme est d’obéir
à Dieu, mais que le devoir de la femme est d’obéir à l’homme, que les Hessiens
de Pottville mangent leurs enfants, qu’il vaut mieux voir sa femme se tirer
avec un Juif que son gosse rouler sur une moto japonaise et que, à ce propos,
les Japs redevenaient complètement incontrôlables – serait temps de leur en
balancer une autre -, que tous les étrangers devraient être bannis sur un
lointain récif corallien et puis, hop ! une grenade à fragmentation, à
voter républicain ou mourir, qu’il n’y a rien de meilleur pour l’âme qu’une
bonne journée de travail, qu’un bon pédé est un pédé mort, à s’abrutir d’alcool
comme seul moyen de trouver le sommeil, et que, pour tout dire, à ce train-là
il serait complètement amendé en un rien de temps. Oui, il faisait des progrès
notable. »
Alors
prêt à devenir éboueur, un rêve de gamin qui pourra transformer ta vie, y
laisser une profonde cicatrice ancrée en ta mémoire. Hallelujah !
9. La
Famille Royale, William T. Vollmann
Parce
que dans la vie, il y a les putes et que plus l’âge avance, plus ton esprit
méprisable sera à la recherche de la Reine. Cela se passe de commentaires, je
ferme les yeux devant cet être misérable qui surgira sur un bout de trottoir à
peine illuminé.
« Au
bout d’une heure, Béatrice, amère et épuisée, était sur le point de renoncer
quand un de ses clients réguliers, un veuf d’une cinquantaine d’années dont la
bedaine s’incurvait comme une vieille rotonde d’Union Pacific, se gara le long
du trottoir. Elle se précipita vers sa voiture. Ils allèrent au Lonely Island
Hotel.
[...] Dans la poubelle, il y avait une capote qui venait de servir et d’où dégoulinait du liquide gluant.
[...] Dans la poubelle, il y avait une capote qui venait de servir et d’où dégoulinait du liquide gluant.
Béatrice
se déshabilla, s’allongea sur le matelas instable et moisi, et s’endormit
aussitôt. Elle rêva de Tournesol. Le type, qui était quelqu’un de bien, resta
là un moment à observer sa grosse et belle putain qui ronflait les jambes
écartées sur le lit, en remuant presque imperceptiblement son pelvis marbré
d’abcès. Puis il déposa trente dollars sur la table de chevet et sortit, en
refermant doucement la porte derrière lui. »
Grand
seigneur, le manU. Toutes les putes seront d’accord, tu auras le droit à une
ristourne.
10. Journal
d’un Vieux Dégueulasse, Charles Bukowski
Parce que dans la vie il faut toujours finir par un Bukowski avant son dernier souffle. Parce qu’il faut avoir toujours une citation en tête de ce bonhomme au poireau violacé. Parce que quand tu en auras fini avec cette liste, tu seras un homme, aussi bon au pieu que Charles Bukowski, aussi poète que Charles Bukowski, aussi pervers que Charles Bukowski, aussi alcoolique que Charles Bukowski et surtout aussi philosophe que Charles Bukowski :
«
Je me suis torché, j'ai tiré la chasse et je suis sorti. »
Sur
ce trait d’esprit, il parait que c’est ton anniv’, alors tu connais la suite...
Et ben j'ai comme l'impression qu'il n'y a pas que manU qui se lèche les babines... Je vois déjà les mâles noter la liste... Tu fais des heureux et qui sait peut être des pro du sexe. ;)
RépondreSupprimerEuh manU dis tu voudras bien me les prêter hein ^^ !?
1. Women, Charles Bukowski
RépondreSupprimer2. Verre Cassé, Alain Mabanckou
4. Une Femme Nommée Moïse, Tennessee Williams
5. American Psycho, Bret Easton Ellis
6. Moi, Charlotte Simmons, Tom Wolfe
...sont dans ma PAL, y a plus qu'à ! ^^
Un grand, grand, grand Merci en tout cas pour ce magnifique billet bisonesque comme j'aime...
Un pur malt, euhhh un pur régal ! :)
Woawww...un billet magnifique...et bien sûr je note je note je note...
RépondreSupprimerBukowski et Mabanckou...faut que je les lise ceux-là...
Bison...respects de Jack...
Tu mériterais de porter une casquette...^^